Universalisme

Julien Suaudeau
Mame-Fatou Niang

 

Repenser l’universalisme classique, ce n’est pas réveiller le démon du particularisme, de la pureté biologique et des passions fascistes, ni tomber dans le piège de l’identité comme fondement de toute légitimité, ou couper la République en deux. C’est, tout au contraire, chercher le chemin d’un humanisme à la mesure du monde.

Partout, des plateaux de chaînes info aux tribunes des grands hebdomadaires, des interviews présidentielles aux phénomènes de librairies, on dresse le même constat : l’universalisme, indissociable de l’esprit français, pilier de la République, ferait face à un péril mortel. Dans le récit qui structure le discours politico-médiatique en France, l’antiracisme présentable d’antan, validé par les partis de gauche pour son ambition universaliste – lutter en même temps contre toutes les haines collectives en intégrant tout le monde – se verrait supplanté par un antiracisme « décolonial », « indigéniste » et « catégoriel », dont la grille de lecture serait « racialisante ». Si ce nouvel antiracisme est perçu comme une menace pour l’universalisme, c’est parce que ses promoteurs joueraient avec le feu communautariste. L’antiracisme 2.0 serait ainsi un racisme déguisé, utilisant des concepts essentialisants qui ne valent guère mieux que les théories de la suprématie blanche. Idiots utiles du soft power américain ou apprentis-sorciers de la gauche radicale, ses idéologues formeraient avec l’extrême droite une « tenaille identitaire » visant à renverser l’ordre républicain, en déclenchant rien moins qu’une guerre des races.

Mais de quel universalisme parle-t-on ? Dans quelle mesure le concept fait-il l’objet d’un monopole intellectuel ? Pourquoi ceux qui se pensent et se disent universalistes sont-ils convaincus qu’il n’en existe qu’une seule forme – celle qu’ils professent ? Et comment expliquer l’équivalence morale entre racisme et antiracisme qui sous-tend leur « modèle » ? Telles sont les questions que pose cet essai qui se veut à la fois une critique de la raison pseudo-universaliste et une approche de l’universalisme postcolonial, ou créolisé. Repenser l’universalisme classique, ce n’est pas réveiller le démon du particularisme, de la pureté biologique et des passions fascistes. Ce n’est pas non plus tomber dans le piège de l’identité comme fondement de toute légitimité, ni couper la République en deux. C’est, tout au contraire, chercher le chemin d’un humanisme à la mesure du monde.

9.00

Description

Sortie : 3 février 2022
104 pages
Nombre d’illustrations :
N° ISBN : 978-2-38191-048-2

Version numérique : 5,99€
ISBN 978-2-38191-049-9

Table des matières

Pour un universalisme antiraciste

Généalogie d’une illusion eurocentrée

La colonialité ne finit jamais

La forteresse pseudo-universaliste

Escamoter le crime contre l’humanité

Garder la main sur le roman national

Tenir le racisme à distance

L’universalisme à la mesure du monde

L’éveil de la conscience historique

L’universalisme, éthique du dérangement

Au-delà du dernier mot

Inventer la ville postcoloniale

À quoi rêvent les statues en tombant de leur piédestal ?

L’espace-temps universel