30 résultats pour “Collection le mot est faible

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Féminisme

Éléonore Lépinard Féminisme, voilà un mot chargé de batailles, d’identifications et de contradictions. Mot d’importance donc pour la collection Le mot est faible, dont Éléonore Lépinard s’empare ici avec brio pour le recharger d’une exigence toujours renouvelée de penser ses propres contradictions et de réinventer de nouvelles pratiques d’émancipation. Un mot explosif, qui serait pour certain·es, à chaque époque, porteur d’excès, d’une demande d’égalité risquant de renverser l’ordre établi, d’un désir d’imposer de nouvelles identités ou de prescrire un nouveau langage. Un mot brûlant aussi, dont l’incandescence est aujourd’hui ravivée, à coups de hashtags, de témoignages et de colères rendues publiques, de manifestations et de chorégraphies à dimension planétaire. Un mot porteur de contradictions également, car la tentation est toujours grande d’imposer une définition commune et légitime du féminisme pour toutes celles et ceux qui voudraient se revendiquer de ce projet politique, et le risque tout aussi grand que cette définition se révèle excluante. Les rassemblements de toutes, #NousToutes, contrastent ainsi avec les conflits et colères, les #NousAussi clamés par les exclu·e·x·s d’un discours qui se veut universaliste mais qui ne manquerait pas de toujours ériger des frontières, des clôtures autour d’un « bon » féminisme, accessible à certaines et pas à d’autres… Face à tout cela et à ces avalanches de tendances ou de versions (féminisme radical, business feminism, féminisme matérialiste, afro-féminisme, transféminisme, féminisme queer, écoféminisme…), on peut se demander si le mot peut désigner un projet commun dont les contours seraient identifiables. Comment un mouvement qui semble s’énoncer au nom d’un sujet qui a l’apparence de l’évidence, les femmes, peut-il s’avérer si protéiforme ? Comment peut-il être étiré jusqu’aux limites de ses possibilités et de son histoire puisque, dans certains contextes, il devient revendiqué par des fractions de ceux-là même qui l’ont tant combattu, les idéologies de droite voire d’extrême droite ? Y a-t-il encore un dénominateur commun ? Le féminisme est-il voué à l’éclatement et à la récupération ou peut-il continuer de nourrir nos imaginaires, nos désirs, nos luttes et nos vies ? L’autrice défend ici brillamment que ces luttes et ces conflits sont essentiels au féminisme, au sens où le féminisme porte une exigence toujours renouvelée de penser ses contradictions, de répondre à celles qui en contestent les frontières, de réinventer de nouvelles pratiques d’émancipation. Pour autant, accepter l’importance de ces conflits n’est pas céder au relativisme : toutes les versions du féminisme ne sont pas bonnes à adopter ou équivalentes. Loin de là.

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Étranger

Karine Parrot Dans la veine propre à la collection Le mot est faible, ce nouveau titre revient, sous l’angle du droit, sur l’histoire de la nationalité française inventée à la fin du XIXe siècle et utilisée depuis pour fabriquer des étrangers et les soumettre à des régimes plus ou moins sévères et cruels suivant les besoins du marché du travail. Barbare, métèque, esclave, aubain… Pendant longtemps, il n’a pas existé de définition univoque de l’étranger. Il se définissait par défaut comme celui qui n’appartient pas à la communauté et il existait donc autant de figures de l’étranger que de manières inventées par les humains de former communauté. Ce flou entourant la notion d’étranger a aujourd’hui disparu. L’État-nation s’est approprié le concept pour en dessiner les contours au scalpel : l’étranger est celui qui n’a pas la nationalité de l’État sur le territoire duquel il se trouve. Désormais attribuée de manière certaine par l’effet du droit, la nationalité sépare irrémédiablement le national et l’étranger pour soumettre ce dernier à un régime spécial, arbitraire, plus ou moins sévère et cruel suivant les besoins de l’économie et les considérations politiques du moment. Et lorsqu’on se penche sur la condition des personnes étrangères en France, on observe un droit ségrégationniste – ce qui semble largement admis – et un racisme systémique de l’État et ses institutions, qu’elles nient avec un cynisme de moins en moins feutré. L’un des enjeux de l’ouvrage est de montrer que la catégorie d’étranger – opposée à celle du national – n’a rien de naturel. En revenant sur la fabrique de la nationalité française à la fin du xixe siècle, on comprend qu’elle n’est pas un attribut de la personne humaine et que la qualité d’étranger, définie en creux, l’a été depuis son origine par l’État à des fins utilitaristes. Satisfaire le marché du travail et organiser la ségrégation des candidat·es suivant leur origine, voilà les deux axes inconditionnels de la politique migratoire française. Lorsque le besoin de main-d’oeuvre « peu qualifiée » baisse dans la dernière partie du xxe siècle, la France puis l’Europe tout entière cherchent à entraver l’arrivée de nouveaux « migrants », notamment grâce à des systèmes juridiques et policiers toujours plus sophistiqués. Ces dispositifs de « gestion des flux » obligent les personnes qui veulent gagner l’Europe à mettre leur vie en jeu et – c’est un phénomène nouveau – elles sont des milliers à mourir chaque année sur les routes de l’exil. Si tout cela est possible, s’il existe des milliers d’agents étatiques pour mettre quotidiennement en oeuvre ces politiques inégalitaires et féroces, c’est qu’elles sont largement habillées par le droit. Le droit est en effet un outil terriblement efficace : il confère à cet édifice macabre sa légitimité, tandis que l’enchevêtrement des textes et l’abstraction des catégories juridiques tiennent le réel à distance.

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Décolonial

Stéphane Dufoix « Décolonial » ou « décolonialisme » : des mots omniprésents dans le débat public français, mais dont le sens réel et la portée heuristique semblent ignorés ou instrumentalisés. Ce nouvel opus de la collection Le mot est faible permet d'y voir plus clair. Depuis quelques années, les mots « décolonial » et « décolonialisme » ont fait leur apparition dans le débat public français : dans les tribunes, discours, essais ou encore éditoriaux divers. Ils y occupent une place très particulière, celle du mot qui divise en prétendant défendre l’unité, celle du mot qui agit en prétendant se contenter de décrire, celle de la victime contre l’ennemi qui menace. Comme nombre de titres de la collection Le mot est faible, l’objectif de l’ouvrage est d’explorer les transformations de certaines approches épistémiques contre-hégémoniques à l’échelle mondiale. Si le mouvement décolonial n’est pas le seul existant, il est sans doute l’un des plus repris actuellement, du fait de son affinité sémantique avec l’idée de décolonisation. Explorer ces nouvelles approches nécessite aussi de s’intéresser aux logiques de résistance – politiques et intellectuelles – qui s’exercent en particulier en France à leur égard. L’ouvrage tente non pas de rester neutre, mais de plaider pour un engagement académique, tout à la fois réflexif et situé, attentif à saisir à quel point et de quelle manière l’ethnocentrisme – pas seulement eurocentré – invite au binarisme. Il s’agit d’inciter à réfléchir et à rendre possible un dialogue scientifique plus large, ouvert au(x) monde(s) et à une forme d’universalité différente, qu’on l’appelle « pluriverselle » ou tout simplement « plurielle ».

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École

Collection Le mot est faible École est un mot doux qui nous promène entre le parfum de l’enfance et les charmes de la connaissance. Certains la rêvent sanctuarisée, protégée des violences du dehors. Mais c’est tout l’inverse, et c’est tant mieux, à condition d’accepter d’en débattre franchement, et de reposer sur ses bancs les termes d’une école résolument émancipatrice, donc définitivement politique. « Notre société a tout à gagner à voir s’accomplir un vrai projet d’école démocratique. C’est aux plus dotés de prendre conscience de la carte qu’ils ont à jouer sur ce terrain. C’est à nous donc, nous dont les enfants ont le plus de chances de traverser l’école aussi facilement qu’une rue piétonnière, de considérer que c’est une opportunité de travailler entre les mêmes murs que des enfants moins chanceux. À nous encore de déjouer les pièges des classes de niveaux, des filières d’élites, des filons pour contourner la sectorisation des établissements. À nous aussi de batailler au côté des familles les plus socialement discriminées pour leurs droits à scolariser et accompagner leurs enfants. À toutes et tous enfin de veiller sur chacun des enfants de ce monde, d’où qu’ils viennent, pour l’abolition des privilèges, et pour que l’émancipation des un.e.s ne puisse dépendre que de celle des autres. »

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Environnement

Laurent Fonbaustier   Environnement : entre politique, droit et éthique, une nouvelle vision doit contribuer à remettre en cause les liens d’une domination délétère qui caractérisent nos rapports avec ce (et donc ceux) qui nous entourent. Le moment est venu de faire monde autrement. L’impression tous les jours plus nette que nous vivons dans un monde diversement abîmé se cristallise particulièrement bien quand il est question d’environnement. En la matière (car c’en est bien une, physique et chimique), les éléments du diagnostic sont, dans leur quasi-totalité, sans appel : climat, biodiversité, eau, air, sols, ressources naturelles… l’avenir paraît bien sombre. La conscience des enjeux et des risques a beau croître, la notion d’environnement est toujours plus fuyante, le sentiment d’impuissance s’intensifiant au rythme de notre consommation vorace du monde. La crise écologique majeure que nous traversons (et qui finira par nous traverser) est pourtant une occasion inespérée d’explorer de nouvelles pistes, notamment celle d’une démocratie écologique prenant appui sur une conception repensée, inclusive et pacifiée, de nos relations avec la Nature. Entre politique, droit et éthique, une nouvelle vision doit contribuer à remettre en cause les liens d’une domination délétère qui caractérisent nos rapports avec ce (et donc ceux) qui nous entourent. Le moment est venu de faire monde autrement.  

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Public

Antoine Vauchez « Après trois décennies où l’on avait cru pouvoir s’en passer, tout indique que nous avons plus que jamais besoin des mots du public. Face aux risques de dévoiement d’un État qui se détourne de son cadre public, ils sont les mots clés de mobilisations sociales et politiques (…) et le meilleur thermomètre de notre vie collective et de nos démocraties. » Au risque d’une crise de confiance dans l’État sans précédent, les citoyens en interrogent désormais la légitimité « publique », c’est-à-dire la capacité, voire la volonté, de se faire le relais des intérêts collectifs, et de protéger les citoyens. L’état général d’impréparation dans lequel s’est trouvé l’État au commencement de la pandémie aura servi ici de révélateur ; jetant une lumière crue sur l’action des gouvernements précédents qui avaient suivi une politique de réduction des coûts et d’efficacité gestionnaire au risque de priver les services hospitaliers des masques et des lits d’hôpital nécessaires. Dès lors que le gouvernement ne paraît plus agir en « pouvoir public », plus rien ne semble justifier l’exception étatique qui confère à cette organisation politique un statut dérogatoire et des pouvoirs exorbitants. C’est du reste cette tension qu’a révélé le mouvement des Gilets jaunes, marqué tout à la fois par des attentes fortes à l’égard de l’État des services publics (en termes de qualité et d’égalité d’accès aux hôpitaux, aux transports publics, etc.), et une défiance inédite à l’égard de gouvernants tenus pour responsables de l’échec de l’État à tenir ses promesses « publiques ». Cette crise de confiance ne pouvait pas tomber plus mal, alors que nous avons collectivement besoin d’un État et d’une Union européenne capables de conduire, au nom de tous, la conversion écologique de nos sociétés et de nos économies, et alors que nous devons faire face aux conséquences sanitaires, mais aussi économiques et sociales profondes de la pandémie Covid. Manière de dire, en somme, que la réflexion sur le « public » et les liens qu’il entretient avec l’État forme aujourd’hui un préalable à toutes nos discussions sur le changement d’orientation des politiques publiques. Les nouvelles théories démocratiques l’oublient parfois, toutes occupées qu’elles sont à faire apparaître de nouveaux horizons mobilisateurs – qu’il s’agisse de la transition écologique ou des nouvelles formes de démocratie participative. Mais, sans réfléchir à ce que l’État est devenu au fil des trois dernières décennies, ni aux chaînes de dépendance dans lesquelles il inscrit aujourd’hui son action, elles s’exposent au décalage en faisant comme si l’État était ce simple « levier » disponible et mobilisable, pourvu qu’on veuille bien lui donner le sens politique voulu. Or il y a précisément lieu d’en douter. C’est pourquoi il faut reprendre le fil du « public » et remettre sur le métier une notion qu’on avait paresseusement abandonnée comme une vieille relique. Il faut faire l’inventaire des glissements de terrain qui se sont produits depuis trente ans et ont fragilisé les soubassements publics de l’État, décrire leurs effets politiques et démocratiques, et explorer les voies possibles d’un nouvel esprit public du gouvernement.

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Tradition

Laurent Le Gall et Mannaïg Thomas La tradition : bonne à n’être que le nom d’une baguette ou la revendication du conservatisme ? Voilà un mot apparemment usé et amoindri, dont les auteurs font le tour et qu’ils interrogent en regard de la « modernité », rappelant aussi qu’elle fut au coeur de l’entreprise des sciences sociales. C’est un mot usé, fatigué, élimé parce qu’il a été beaucoup utilisé. À moins que l’amoindrissement de sa charge sémantique ne relève plutôt d’une discordance avec l’époque. La tradition ne serait plus à la mode. Paradoxalement. Repris à l’envi dans la communication patrimoniale qui vante l’authenticité, le chez-soi et l’immémorialité, ce mot subit, au même moment, un racornissement de son domaine d’assignation. Bonne à n’être qu’un slogan pour des publicités peu inspirées, coincée dans l’étau de l’injonction mémorielle et du colifichet touristique, la tradition se fait rigoriste à l’autre bout du portefeuille langagier. Les « tradis », ce sont, pour beaucoup d’entre nous, ces autres, dont nous peinons quelquefois à comprendre, sur fond de « Manif pour tous » et de soutanes tout droit sorties de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, un argumentaire et des attitudes qui relèvent de son orthopraxie. Une tradition en majesté en quelque sorte, éloignée de ce qu’elle est de fait : bien moins la lecture littérale d’un dogme qu’une somme d’interprétations d’un noyau dur qui sert in fine d’entregent à des signifiants flottants. Disqualifiée la tradition par le trop-plein et le trop peu ? L’on pourrait dire la même chose de la modernité. Que sa progressive mise à l’index, surtout à compter des années 1970, renvoie à toutes sortes de relectures ouvrant sur le souhait de clore ce qui serait une parenthèse désenchantée de l’anthropocène en est une autre. Tandis que des mots retrouvent de leur lustre pour dire et faire dire l’époque – le fond de l’air serait à la radicalité et à la réaction –, d’autres dépérissent tranquillement dans la sphère communicationnelle. Pour des raisons différentes, la pléthore de l’insignifiance pour la première et une aversion galopante pour la seconde, tradition et modernité, en un couple qui régna en maître sur nombre de travaux menés dans les sciences sociales des Trente Glorieuses aux fins de circonvenir la question latérale du changement ou, plus exactement, de l’évolution, ne font donc plus recette. Toutefois, ne faire de la tradition (un ensemble d’énoncés, d’actes, de représentations et de croyances qui se transmettent de génération en génération) qu’une arme au service d’une idéologie de la différenciation négative ne saurait restituer toutefois ce qu’elle fut aussi : un moyen de cerner des sociétés en s’interrogeant précisément sur l’effectivité et la pertinence de ce que l’on plaçait derrière le mot tradition, soit un opérateur pour les sciences sociales qui mérite d’être pris en compte.

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Paysan

Edouard Morena Le paysan nous fascine, entre altérité et familiarité. Alors que la population agricole ne cesse de s’étioler, le paysan est partout et nulle part. Il est le réceptacle de nos espoirs et de nos angoisses. C’est cette « paysannerie classe objet » qui est au coeur de ce texte, d'une grande actualité. Début 2024, alors que les manifestations d’agriculteurs s’étendaient à travers le pays, les responsables politiques se sont succédé sur les plateaux des chaînes d’info pour appuyer le mouvement et clamer leur amour du «monde paysan». De  François Ruffin à Jordan Bardella, on défendait «l’exception agriculturelle» française face à la concurrence déloyale de produits étrangers. Cette unanimité autour de la «cause paysanne» renvoie à un rapport particulier entre un «nous non paysan» et un «eux paysan» aux contours flous et protéiformes. Le paysan c’est l’agriculteur, l’habitant des campagnes, le «petit» producteur. Mais c’est aussi la France, la nation, la république. C’est le bon sens, la simplicité, le travail, l’effort, l’enracinement, la nature, la convivialité, l’authenticité, le savoir-faire, la droiture. C’est tout ça à la fois. Le paysan nous fascine. C’est un énigmatique mélange entre altérité et familiarité. Alors que la population agricole ne cesse de s’étioler, le paysan est partout et nulle part. Par-delà les barrages autoroutiers, il est présent dans les publicités pour du jambon et du fromage industriel, il est sur nos pièces de monnaie («la semeuse»), dans la littérature, dans les discours politiques, et dans les cris de supporters se moquant des joueurs de l’équipe adverse («paysans, paysans, paysans»). Il est le réceptacle de nos espoirs et de nos angoisses. De nos injonctions contradictoires. Au fil des années et des crises, on l’a dépeint en républicain, en réactionnaire, en patriote, en productiviste, en écolo aussi. On l’a voulu de gauche, de droite, sans étiquette. Les paysans, comme le résume Pierre Bourdieu, c’est une «classe-pour-autrui» «sans cesse invités à prendre sur eux-mêmes le point de vue des autres, à porter sur eux-mêmes un regard et un jugement d’étrangers». C’est cette «paysannerie classe objet» qui est l’enjeu de ce texte.

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