ou la pose des savoirs
Qu’ont à voir Marie Curie, un écolier qui s’ennuie sur son pupitre ou Saint Jérôme ? Une tête posée dans la main, signe d’une intense réflexion qui peut sembler, plus ou moins, peser. C’est à ce motif iconique que s’intéresse ce livre, venant interroger quels sont les images et imaginaires qui entourent la pratique de la pensée.
Traversant les époques, l’objet de ce livre iconophile, joyeux et érudit est de saisir l’histoire complexe d’une attitude, de découvrir les cheminements par lesquels le motif de la « tête pensante » s’est ancrée dans notre imaginaire, au point de devenir un topos utilisé pour représenter la pensée, la cogitation, la méditation ou encore l’introspection.
Étudier cette pose de la tête pensante sur le temps long relève autant d’une histoire des savoirs qui envisage de manière concrète la production des idées, d’une histoire des corps et d’une histoire des représentations. Depuis l’antiquité, cette mise en scène particulière du savoir est devenue une manière, si ce n’est la manière, d’évoquer la réflexion, tout comme la nature du rapport, souvent douloureux et pesant, que nous entretenons avec la connaissance, sa production ou sa transmission. Pourquoi ce geste est-il fait et à quoi répond-il comme fonction ou besoin ? Quelles émotions face au savoir permet-il de désigner (résignation, curiosité, abnégation, refus…) ? Qu’est-ce qu’il nous dit des qualités des savants ainsi représentés (sérieux, dignité, élégance, abnégation, courage, inspiration) ?
Rythmé par des images en série et organisé en chapitres thématiques, le livre tente de cerner l’émergence de cette pose au travers de la figure du philosophe, du poète et des méditants de la religion chrétienne. S’ensuit une pérégrination qui, des enfants aux femmes savantes, nous fait passer par saut, par progression, ou par effet de simultanéité, des érudits mélancoliques aux savants rêveurs, des génies aux scientifiques épuisés de la fin du XIXe siècle.