Race

Sarah Mazouz

 

Les répercussions mondiales de la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, l’ont montré : plus que jamais il est utile de défendre un usage critique du mot race, celui qui permet de désigner et par là de déjouer les actualisations contemporaines de l’assignation raciale.

User de manière critique de la notion de race, c’est, en effet, décider de regarder au-delà de l’expression manifeste et facilement décelable du racisme assumé. C’est saisir la forme sédimentée, ordinaire et banalisée de l’assignation raciale et la désigner comme telle, quand elle s’exprime dans une blague ou un compliment, dans une manière de se croire attentif ou au contraire de laisser glisser le lapsus, dans le regard que l’on porte ou la compétence particulière que l’on attribue. C’est ainsi expliciter et problématiser la manière dont selon les époques et les contextes, une société construit du racial.

Si le mot a changé d’usage et de camp, il demeure cependant tributaire de son histoire et y recourir de manière critique fait facilement l’objet d’un retournement de discrédit. Celles et ceux qui dénoncent les logiques de racialisation sont traité·es de racistes. Celles et ceux qui mettent en lumière l’expérience minoritaire en la rapportant à celle des discriminations raciales sont accusé·es d’avoir des vues hégémoniques. Dans le même temps, les discours racialisants continuent de prospérer sous le regard indifférent de la majorité.

Si le mot de race sert à révéler, y recourir est donc d’autant plus nécessaire dans le contexte français d’une République qui pense avoir réalisé son exigence d’indifférence à la race et y être parfaitement « aveugle », « colour-blind », dirait-on en anglais.

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Description

Sortie : 3 septembre 2020
96 pages
Nombre d’illustrations :
N° ISBN : 979-10-95772-93-4

Version numérique : 5,99€
ISBN 979-10-95772-94-1

Table des matières

On ne peut pas respirer mais les paroles comptent

Prendre le mot

Être ou ne pas être

Nommer une pratique de pouvoir

La racialisation comme condition sociale

Racialisation ou racisation ?

Un malentendu récurrent

Face à l’ignorance délibérée

De l’universalisme abstrait à la transposition minoritaire

Bibliographie sélective
Remerciements

Écoutez !

Voix : Céline Milliat-Baumgartner et Pauline Moulène
Habillage sonore : Manuel Peskine